Image ventilateur qui tourne fond du ventilateur Circuit imprimé (image de titrage diode verte diode rouge
Administration
Pour voir une image
en plus haute résolution
dans un autre onglet,
cliquez sur elle !
Alan Türing à 16 ans, photo de passeport (Source Wikimedia Commons, domaine public)
Statue d'Alan Türing dans le parc du Mémorial qui lui est consacré à Manchester. (Source Wikipedia Commons,licence : Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 (non transposée))
Statue d'Alan Türing par Stephen Kettle au Bletchley Park. (Source Wikimedia Commons, licence : Creative Commons Attribution 2.0 Générique)
La machine Enigma (Source Wikipedia Commons, domaine public)
Reconstitution de la machine Bombe, créée par Alan Türing pour déchiffrer les messages codées avec la machine allemande Enigma. (Source : Wikipedia Commons, licence : Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 (non transposée))
Un rotor de la machine Enigma. (Source : Wikimedia Commons, auteur, : Matt Crypto, domaine public)
Plaque comémorative sur une maison où habita Türing. (Source Wikipeda Commons, auteur : Joseph Birr-Pixton,licence : Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 (non transposée))


Alan Turing

« Ce qui m’inté­resse, ce n’est pas de met­tre au point un cer­veau puis­sant, rien qu’un cer­veau médio­cre, dans le genre de celui du pré­si­dent de l’Ame­ri­can Tele­phone and Tele­graph Com­pany. » Alan Turing

Né le 23 juin 1912 à Pad­ding­ton, Alan Turing donne dès son enfance les signes d’une grande intel­li­gence en par­ti­cu­lier dans le domaine des chif­fres et des énig­mes. Il est pour­tant un élève moyen car il répu­gne à tra­vailler dans les matiè­res clas­si­ques, ne s’inté­res­sant qu’aux dis­ci­pli­nes scien­ti­fi­ques. C’est par con­tre un excel­lent spor­tif qui faillit être sélec­tionné pour les jeux olym­pi­ques de 1949.

En 1928, il prend con­nais­sance des tra­vaux d’Albert Ein­stein qu’il com­prend mal­gré son jeune âge. Il par­vient à entrer au King’s Col­lege de l’uni­ver­sité de Cam­bridge dans lequel il étu­die de 1931 à 1934. Il suit des cours de mathé­ma­ti­ques et de logi­que et est élu fel­low du King’s Col­lege en 1935.

En 1936 il publie « On Com­pu­ta­ble Num­bers, with an Appli­ca­tion to the Ent­schei­dung­spro­blem », un arti­cle resté célè­bre dans lequel il répond à une ques­tion posée par le mathé­ma­ti­cien Hil­bert, celle de la déci­sion (Ent­schei­dung) dans les théo­ries axio­ma­ti­ques. Il crée à cette occa­sion le con­cept de « machine uni­ver­selle », ce que nous appe­lons aujourd’hui une machine de Turing.

De 1937 à 1938, il tra­vaille à l’uni­ver­sité de Prin­ce­ton, sous la direc­tion d’Alonzo Church où il obtient en mai 38 son doc­to­rat. De retour à Cam­bridge en 1939, il par­ti­cipe à des cours publics sur les fon­de­ments des mathé­ma­ti­ques.

En octo­bre 38, Turing assiste à la pro­jec­tion de Blan­che Neige et les 7 nains. Il en retient la scène dans laquelle la sor­cière trempe la pomme dans un bouillon empoi­sonné. Il retien­dra aussi le petit air : « Dip the apple in the brew/Let the slee­ping death seep through ».

la guerre

Pen­dant la seconde guerre mon­diale, Alan Turing est un des acteurs prin­ci­paux des recher­ches menées pour cas­ser les codes secrets de la machine Enigma uti­li­sée par les nazis. Il par­vient à décryp­ter le code qui per­met à l’Ami­rauté du Reich de com­mu­ni­quer avec ses sous-marin. Cette décou­verte sauve pro­ba­ble­ment de nom­breu­ses vies et con­tri­bue au suc­cès des alliés. Chur­chill recon­naît d’ailleurs l’impor­tance du tra­vail de Turing. En 1942, il rejoint les Etats-Unis pour tra­vailler à cas­ser les codes japo­nais, il y fré­quente claude Shan­non, le fon­da­teur de la Théo­rie de l’infor­ma­tion.

De retour en Angle­terre en 43, il con­çoit une machine à coder la voix et con­tri­bue à diver­ses recher­ches mathé­ma­ti­ques et con­çoit des ver­sions amé­lio­rées de la « Bombe » (voir photo ci-des­sous) qui sert à décryp­ter des mes­sa­ges codés par la machine Enigma. Le tra­vail effec­tué par Turing pour déchif­frer le code Enigma resta secret jusqu’en 1970, ce qui a nui à sa noto­riété.

L’après-guerre

De 1945 à 1948, il mène des recher­ches sur le cal­cul auto­ma­ti­que (l’infor­ma­ti­que est en train de naî­tre mais le mot n’existe pas encore) et devient en 49 direc­teur délé­gué du labo­ra­toire d’infor­ma­ti­que de l’uni­ver­sité de Man­ches­ter. Il par­ti­cipe à la pro­gram­ma­tion d’un des tout pre­miers §ordi­na­teur§s de l’his­toire, le Man­ches­ter Mark I.

Il con­ti­nue à réflé­chir à des pro­blè­mes fon­da­men­taux, en par­ti­cu­lier sur l’§intel­li­gence arti­fi­cielle§ et con­çoit ce que nous appe­lons le « test de Turing ». En 1951, il devient mem­bre de la Royal Society. En 1952, il écrit un pro­gramme de jeu d’échec que les §ordi­na­teur§s de l’épo­que ne peu­vent encore exé­cu­ter.

A par­tir de 52, Turing se con­sa­cre à d’autres recher­ches et con­çoit un modèle bio­ma­thé­ma­thi­que de mor­pho­gé­nèse. Ces tra­vaux théo­ri­ques seront con­fir­més dans les années 1990 par des expé­rien­ces de chi­mie.

Le drame

C’est en 52 que sa for­mi­da­ble car­rière se brise. Accusé par la Police d’« indé­cence mani­feste et de per­ver­sion sexuelle », il assume son homo­sexua­lité et est inculpé. Il ne peut uti­li­ser les ser­vi­ces ren­dus pen­dant la guerre pour sa défense car ils sont encore cou­verte par le secret. A son pro­cès il se voit pro­po­ser le choix entre l’incar­cé­ra­tion et une cas­tra­tion chi­mi­que. Il choi­sit la seconde solu­tion. Les effets secon­dai­res de ce trai­te­ment d’un an le trans­forme phy­si­que­ment. Il est écarté de tous les pro­jets scien­ti­fi­ques.

En 1954, à 42 ans, Turing se sou­vient du petit air de Blan­che Neige. il se sui­cide en man­geant une pomme imbi­bée de cya­nure. Vic­time de l’homo­pho­bie, à l’épo­que du mac­car­thysme et de la guerre froide, il a eu le cou­rage de ne pas se renier, ce qui a sans doute joué con­tre lui.

Il aura fallu une péti­tion, lan­cée par l’infor­ma­ti­cien John Gra­ham-Cum­ming, qui a recueilli plus de 30 000 signa­tu­res pour que Gor­don Brown pré­sente ses excu­ses pour le trai­te­ment « effroya­ble » imposé à Alan Turing. Il est vrai que la loi qui fut à l’ori­gine de la con­dam­na­tion d’Alan Turing (qui envoya aussi Oscar Wilde en pri­son) ne fut abro­gée qu’en 1967 en Angle­terre et que l’homo­sexua­lité ne fut dépé­na­li­sée en France que le 4 août 1982;..

Quand la société Apple est née et que son logo s’est répandu : une pomme enta­mée, beau­coup d’infor­ma­ti­ciens y ont vu une allu­sion à Alan Turing et à sa triste his­toire. Les diri­geants d’Apple ont démenti mais quand vous ver­rez ce logo sur un §ordi­na­teur, un Ipod ou un Iphone§, rien ne vous empê­che d’avoir une pen­sée pour un homme qui mou­rut… en cro­quant une pomme.

Bibliographie
BERNHARDT C. Turing’s vision :  the birth of computer science. Cambridge (Mass.) : The MIT press, 2016. 189 p.ISBN : 978-0-262-03454-8.
HODGES A. Alan Turing ou l’énigme de l’intelligence. Paris : Payot, 2004. 437 p.(Bibliothèque scientifique Payot). ISBN : 978-2-228-89873-7.
HODGES A. Alan Turing :  le génie qui a décrypté les codes secrets nazis et inventé l’ordinateur. Éd. complétée. Neuilly-sur-Seine : Michel Lafon, 2015. 702 p.ISBN : 978-2-7499-2433-5.
TURING A. M., TURING A. M., TURING A. M. La machine de Turing. Paris : Éd. du Seuil, 1999. 174 p.(Points, 131)ISBN : 978-2-02-036928-2.